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ACTE PREMIER





Scène I.



YDASAN, ÉGESTE.


ÉGESTE.

De nos malheurs enfin le ciel a pris pitié ;
Il resserre aujourd’hui notre antique amitié.
Quand la paix réunit Carthage et Syracuse,
Peux-tu verser des pleurs aux bords de l’Aréthuse ?
Quels que soient nos destins, les lieux où l’on est né
Ont encor des appas pour un infortuné
Il est doux de rentrer dans sa chère patrie.

YDASAN.

Elle ne m’est plus chère, et sa gloire est flétrie :
Sa lâche servitude, et trente ans de malheurs,
Aigrissent mon courage en m’arrachant des pleurs.
Les volcans de l’Etna, ses cendres, ses abîmes,
Ont été moins affreux que ce séjour des crimes ;
Le fer que le cyclope a forgé dans leurs flancs
A moins de dureté que le cœur des tyrans.
Va, je hais Syracuse, Agathocle, et la vie.

ÉGESTE.

Que veux-tu ? Dès longtemps la Sicile asservie
De l’heureux Agathocle a reconnu les lois ;
Agathocle est compté parmi les plus grands rois.
Le hasard, le destin, le mérite peut-être,