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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome7.djvu/470

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4C0 JULES CfiSAR.

IViin coup d’œil méprisant sa vanité dédaigne Los premiers échelons (jui tirent sa grandeur. C’est ce que peut César : il le faut prévenir. Oui, c’est h\ son destin, c’est là son caractère ; C’est un œuf de serpent, qui, s’il était couvé, « Serait aussi méchant que tous ceux de sa race. 11 le faut dans sa coque écraser sans pitié.

LUCIUS rentre.

Les flambeaux sont déjà dans votre cabinet : Mais lorsque je cherchais une pierre à fusil. J’ai trouvé ce billet, monsieur, sur la fenêtre, Cacheté comme il est ; et je suis très-certain Que ce papier n’est là que depuis cette nuit.

BRUTUS.

Va-t-en te reposer ; il n’est pas jour encore.

Mais, à propos, demain n’avons-nous pas les ides’ ?

LUCIUS.

Je n’en sais rien, monsieur-.

BRUTUS.

Prends le calendrier, Et viens m’en rendre compte.

LUCIUS.

Oui, j’y cours à l’instant.

BRUTUS, décachetant le billet.

Ouvrons ; car les éclairs et les exhalaisons

Font assez de clarté pour que je puisse lire, ui lit. ; :

« Tu dors ; éveille-toi, Brulus, et songe à Rome ;

Tourne les yeux sur toi, tourne les yeux sur elle.

Es-tu Brutus encor ? peux-tu dormir, Brutus ?

Debout ; sers ton pays ; parle, trappe, et nous venge. »

J’ai reçu quelquefois de semblables conseils ;

Je les ai recueillis. On me parle de Rome ;

Je pense à Rome assez…. Rome, c’est de tes rues

Que mon aïeul Brutus osa chasser Tarquin.

Tarquin ! c’était un roi…. « Parle, frappe, et nous venge.

Tu veux donc que je frappe…. oui, je te le promets,

Je frapperai : ma main vengera tes outrages ;

Ma main, n’en doute point, remplira tous tes vœux.

\. Ce sont ces fameuses ides de mars, 15 du mois, où César fut assassiné. {Note de Voltaire.)

2. Il l’appelle tantôt milord, tantôt monsieur, sir. {Note de Voltaire.)