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ACTE II, SCÈNE III. 467

SCÈNE III.

BRUTUS, ET PORCIA sa femme.

ponciA. Brutus !… Milord !

BRUTUS.

Pourquoi paraître si matin ? Que Toulez-vous ? Songez que rien n’est plus malsain, Pour une santé faible ainsi que vous lavez, D’affronter, le matin, la crudité de l’air.

PORCIA.

Si l’air est si malsain, il doit l’être pour vous.

Ali ! Brutus ! ali ! pourquoi vous dérober du lit ?

Hier, quand nous soupions, vous quittâtes la table.

Et vous vous promeniez pensif et soupirant ;

Je vous dis : « Qu’avez-vous ? » Mais en croisant les mains,

A ous fixâtes sur moi des yeux sombres et tristes.

J’insistai, je pressai ; mais ce fut vainement :

Vous frappâtes du pied en vous grattant la tête.

Je redoublai d’instance ; et vous, sans dire un mot,

D’un revers de la main, signe d’impatience.

Vous fîtes retirer votre femme interdite.

Je craignis de choquer les ennuis d’un époux.

Et je pris ce moment pour un moment d’humeur

Que souvent les maris font sentir à leurs femmes’.

Non, je ne puis, Brutus, ni vous laisser parler.

Ni vous laisser manger, ni vous laisser dormir.

Sans savoir le sujet qui tourmente votre âme,

Brutus, mon cher Brutus !, ,. Ah ! ne me cachez rien,

BRUTUS.

Je me porte assez mal ; c’est là tout mon secret.

PORCIA.

Brutus est homme sage ; et, s’il se portait mal, 11 prendrait les moyens d’avoir de la santé,

BRUTUS,

Aussi fais-je : ma femme, allez vous mettre au lit.

1. C’est encore un des endroits qu’on admire, et qui sont marques avec des guillemets. {Xote de Voltaire.)