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ACTE II, se f : NE V. 471

LE DOMESTIQl K,

Je n’y nianquorai pas.

CALPll ! RME.

Où voiiloz-vous aller ? Nous ne sortirez point, ("iésar ; vous resterez ce jour à la maison.

CÉSAR.

Non, non, je sortirai ; tout ce qui me menace Ne s’est jamais montré ({ue derrière mon dos’ ; Tout s’évanouira quand il verra ma face.

CALPHURNIE.

Je n’assistai jamais à ces cérémonies ;

Mais je tremble à présent. Les gens de la maison

Disent que l’on a vu des choses effroyables :

L ne lionne a fait ses petits dans la rue ;

Des tombeaux qui s’ouvraient des morts sont échappés ;

Des bataillons armés, combattant dans les nues,

Ont fait pleuvoir du sang sur le mont Tarpéien ;

Les airs ont retenti des cris des combattants ;

Les chevaux hennissaient ; les mourants soupiraient ;

Des fantômes criaient et hurlaient dans les places.

On n’avait jamais vu de pareils accidents :

Je les crains.

CÉSAR.

Pourquoi craindre ? On ne peut éviter Ce que l’arrêt des dieux a prononcé sur nous. César prétend sortir. Sachez que ces augures Sont pour le monde entier autant que pour César.

CALPHURNIE.

Quand les gueux vont mourir, il n’est point de comètes ; Mais le ciel enflammé prédit la mort des princes.

CÉSAR.

Un poltron meurt cent fois avant de mourir une ; Et le brave ne meurt qu’au moment du trépas. Rien n’est plus étonnant, rien ne me surprend plus, Que lorsque l’on me dit qu’il est des gens qui craignent. Que craignent-ils ? La mort est un but nécessaire. Mourons quand il faudra,

(Le domestique revient.)

Que disent les augures ?

1. Encore une fois, la traduction est fidèle. {Noie de Voltaire.)