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ACTE II, SCÈNE VI. 473

(À part.) (À part.)

Jo no poux (c’ost très-faux), je n’ose (encor plus faux). Dites-leur, Décius, que je ne le veux pas.

CALPHUP.ME.

Dites qu’il^^est malade.

CÉSAR.

Eh quoi ! César mentir ! Ai-je au nord de l’Europe étendu mes conquêtes Pour n’oser dire vrai devant ces vieilles barbes ? Vous direz seulement que je ne le veux pas.

DÉCIUS.

(Irand César, dites-moi du moins quelque raison ; Si je n’en disais pas, on me rirait au nez.

CES Ail.

La raison, Décius, est dans ma volonté : Je ne veux pas, ce mot suffit pour le sénat. Mais César vous chérit : mais je vous aime, vous ; Et, pour vous satisfaire, il faut vous avouer Qu’au logis aujourd’hui je suis, malgré moi-même. Retenu par ma femme : elle a rêvé la nuit Qu’elle a vu ma statue, en fontaine changée. Jeter par cent canaux des ruisseaux de pur sang. De vigoureux Romains accouraient en riant ; Et dans ce sang, dit-elle, ils ont lavé leurs mains. Elle croit que ce songe est un avis des dieux : Elle m’a conjuré de demeurer chez moi.

DÉCIUS.

Elle interprète mal ce songe favorable ;

C’est une vision très-belle et très-heureuse :

Tous ces ruisseaux de sang sortant de la statue.

Ces Romains se baignant dans ce sang précieux,

Figurent que par vous Rome vivifiée

Reçoit un nouveau sang et de nouveaux destins.

CÉSAR.

C’est très-bien expliquer le songe de ma femme.

DÉCIUS.

Vous en serez certain lorsque j’aurai parlé. Sachez que le sénat va vous couronner roi ; Et, s’il apprend par moi que vous ne venez pas, Il est à présumer qu’il changera d’avis. C’est se moquer, de lui. César, que de lui dire : « Sénat, séparez-vous ; vous vous rassemblerez