Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome7.djvu/560

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obO MADEMOISELLE DE LA COCHONNIÈRE.

toi, (jui n’ ; iS rien à risquer ? (on entend h l’extérieur le bruit des grelots et quelques

coups de fouet.) Je vois ton petit dessoin : tu voudrais par quelque bon coup d’opée arriver à la succession de ton frère aîné ; il n’en sera rien, mon cher Clionchon, et je vais remonter d ; ins ma chaise avec le calme d’un courtisan

et la constance d’un philosophe. (Maraudin et Pasquin reparaissent au fond.) Holil !

mes gens ! Adieu, Clionchon. À ce soir, monsieur Maraudin, à ce soir. Holà !

page, un miroir ! (te chevalier passe à l’extrême gauche.)

SCÈNE V. LE CHEVALIER, MARAUDIN, PASQUIN^

P.VSQUIN.

Eli bien, monsieur, avez-vous gagné (pielque chose sur l’âme dure de ce courtisan poli ?

LE CHEVALIER, toujours à l’extrême gauche.

Oui, j’ai gagné le droit et la liberté de le haïr du meilleur de mon cœur.

PASQUIN.

C’est quelque chose, mais cela ne donne pas de quoi vivre.

MARAUDIN.

Si fait, si fait, cela peut servir.

LE CHEVALIER.

Et il quoi, s’il vous plaît ? Qu’à me rendre encore plus malheureux.

MARAUDIN.

Oh ! cela peut servir à vous ôter les scrupules que vous auriez de lui faire du mal. Et c’est déjà un très-grand bien. N’est-il pas vrai que si vous lui aviez obligation et si vous l’aimiez tendrement, vous ne pourriez jamais vous résoudre à épouser M’"' de la Cochonnière au lieu de lui ? Mais à pré- sent que vous voilà débarrassé du poids de la reconnaissance et des liens de l’amitié, vous êtes libre, et je veux vous aider à vous venger en vous rendant heureux.

LE CHEVALIER.

Comment me mettre à la place du comte de Boursoufle ? Comment puis-je être aussi fat ? Comment épouser sa maîtresse au lieu de lui ? Parle, réponds.

MARAUDIN.

Tout cela est très-aisé. Monsieur le baron n’a jamais vu^votre frère aîné ; je puis vous annoncer sous son nom, puisqu’on effet votre nom est le sien ; vous ne mentirez point, et il est bien doux de |)Ouvoir tromper (quelqu’un sans être réduit au chagrin de mentir. Il faut que l’honneur conduise toutes

nos actions, (te chevalier se rapproche de lui.)

PASQUIN.

Sans doute ; c’est ce qui m’a réduit à l’état où je me vois. i. Le chevalier, Maraudin, Pasquin.