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568 MADEMOISELLE DE LA COCHONNIÈRE.

THÉRÈSE, à m""" liarbe.

Je crois qu’il me trouve fort jolie.

L lî C G M T E.

Monsieur le baron, je conimenco à croire que tout ceci n’est (|u’un malentendu, et qu’il est aisé de nous éclaircir ; laissez-moi parler seulement deux minutes tète à tète à ce jeune et honnête gentilhomme.

LE BARON.

Ah ! il commence enfin à avouer, et la peur de la justice le presse. Rentrons tous. (Les valets disparaissent.) Monsicur le coiute, écoutcz sa déposition, je l’abandonne à votre miséricorde, (n fait signe àTiiérèseeta m’°* Barbe, qui sortent

par la porte de gauche, et lui sort par le fond ; le chevalier l’accompagne.)

SCÈNE IV. LE COMTE, LE CHEVALIER.

LE CHEVALIER, à part, au fond.

Tout fâché que je suis contre lui, il me paraît si bien puni que je commence à sentir quelques remords.

LE COMTE.

Regarde-moi un peu en face, Chonchon.

LE CHEVALIER descend.

Cela est difficile : vous m’avez traité indignement, et je vous ai fait du mal, il n’y a pas moyen après cela de se regarder. Que me voulez-vous ?

LE COMTE.

Je conviens que je n’ai pas eu avec toi toute la condescendance qu’un aîné devait à son cadet ; tu t’en es bien vengé, tu es venu ici à ma place, avec ce fripon de Maraudin. Tu vois le bel état où l’on m’a mis, et le ridicule dont je vais être chargé… Faisons la paix ; tu me demandais ce matin dix mille francs pour le reste de ta légitime, je t’en donne vingt mille, et laisse-moi épouser 31 de la Cochonnière.

LE CHEVALIER.

11 n’est plus temps ; vous m’avez appris à entendre mes intérêts ; il n’y a pas d’apparence que je vous cède une fille de cinq cent mille francs pour une légitime de vingt mille.

LE COMTE.

Chonchon !

LE CHEVALIER.

J’ai eu de la peine à me résoudre à ce que j’ai fait, mais la chose est sans remède.

LE COMTE.

Comment ! aurais-tu déjà épousé ?… Il faut que tu aies l’âme bien noire.

LE CHEVALIER.

Point, car j’ai eu quelque scrupule en épousant Thérèse, et vous n’en aviez point en me faisant mourir de faim.