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o70 MADEMOISELLE DE LA COCIIONNIÈRE.

TIIKRÎCSE, à cUe-mOme.

Tlii’rèso, on voici liicn d’une autre !

M A n À JI K H A R B E. Miséricorde !

LE COMTE passe devant le baiUi *.

lîailli, ce vieux fou de baron s’est mis dans la tête que je n’ai pas l’honneur d’être M. le comte de Boursoufle ; il me prend pour un aventurier, et il est tout résolu de me faire pendre au lieu de me donner sa fille.

LE BARON.

Quoi ! ce serait en effet là monsieur le comte ?

LE BAILLI.

Cela se voit tout de suite.

LE COMTE.

Ah ! mon ami ! je ne me reconnais pas ! iMais il faut que ce baron soit un campagnard bien grossier pour s’y être mépris, foi de seigneur.

LE BARON.

Ah ! monsieur le comte, je me jette à vos genoux ; j’ai été trompé par ce scélérat de Maraudin et par cet autre coquin-ci ; mais je vais les faire brûler tout à l’heure pour vous être agréable. ciel ! qu’est-ce que j’ai fait ? Délions vite monsieur le comte, et rendons-lui son épée. (m’"'= Barbe va au

fond chercher répée, et la donne au comte.) Je metS 1113 vie entre VOS lliains, monsieur le comte. (Au baiiii), Ordonnez du supplice des fripons qui m’ont abusé. Ah ! que je suis un malheureux baron !

THÉRÈSE.

Et moi, que deviendrai-je ?… À qui suis-je, à qui suis-je donc ? Qu’on se dépêche ! II y a trop longtemps que je suis à moi-même.

LE COMTE.

Me voilà enfin un peu plus libre dans ma taille. Qu’on appelle un peu mes gens, qu’on me donne de la poudre de senteur, car je pue furieusement l’écurie, Ilolà ! hé ! un pouf, un pouf ! (ll s’assied à droite.) LE BARON, allant au bailli.

Monsieur le bailli, vous voyez que vous n’y perdez rien (Montrant le chevalier), car voilà toujours un criminel à expédier ; saisissez-vous de celui-ci, (jui a pris insolemment le nom d’un autre pour ravir ma fille.

LE BAILLI passe près du chevalier.

C’est M. le chevalier de Boursoufle, c’est aussi le fils de mon parrain ; je ne serai pas assez osé pour instrumenter contre monsieur le chevalier.

(il recule un peu au fond. ;

LE COMTE se lève.

Vieux fou de baron ! Écoutez : j’ai l’honneur, comme je vous l’ai dit, d’être ce comte de Boursoufle aux soixante mille livres de rente ; il est vrai que ce pauvre diable-ci est mon frère, mais c’est un cadet qui n’a pas le sou ; il voulait faire fortune en me jouant d’un tour : il sera assez puni quand

1. Le chevalier, M""" Barbe, le baron, le comte, le bailli.