Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome7.djvu/76

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66 SOIMIONISBE.

J'ai d'autres iiitéi'rts, et plus pressants peut-être, Que ceux de disputer du raii,u,' des souverains, Et d'opposer l'orgueil à rort!,tieil des Uomains, Répondez; ose-t-il disposer de la reine?

LÉ LIE.

11 le doit.

MASSIMSSE.

Lui!... -Alon cœur ne se contient qu'à peine,

LÉLIE.

C'est un droit reconnu c|u'il nous faut maintenir; Tout le sang d'Annibal nous doit appartenir. Vous qui dans les combats brûliez de le répandre, Quel étrange intérêt pourriez-vous bien y prendre, Vous, de sa race entière éternel ennemi, Vous, du peuple romain le vengeur et l'ami?

MASSIMSSE.

L'intérêt de mon sang, celui de la justice, Et l'horreur que je sens d'un pareil sacrifice. .J'entrevois les projets qu'il me caclie avec soin ; Mais son ambition pourrait aller trop loin.

LÉLIE.

Seigneur, elle se borne à servir sa patrie,

MASSINISSE.

Dites mieux, à flatter l'infâme barbarie D'un peuple qu'Annibal écrasa sous ses pieds. Si Rome existe encor, c'est par ses alliés : Mes secours Font sauvée; et, dès qu'elle respire, Sur les rois, sur moi-même elle alîecte l'empire ; Elle se fait un jeu, dans ses murs fortunés, De prodiguer l'outrage à des fronts couronnés; Elle met à ce prix sa faveur passagère : Scipion qui m'aima se dément pour lui plaire; Il me trahit.

LÉLIE.

Seigneur, qui vous a donc changé? Quoi ! vous seriez trahi quand vous seriez vengé ! J'ignore si la reine, en triomphe menée, Au char de Scipion doit paraître enchaînée ; IMais en perdrions-nous votre utile amitié? C'est pour une captive avoir trop de pitié.

MASSINISSE.

Que je la plaigne ou non, je veux qu'on la respecte.

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