Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome7.djvu/87

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ACTE IV, SCENE III. 77

LÉLIE.

Ils ne paraîtront pas; Ils sont, ainsi que vous, tombés en ma puissance. Vous avez abusé de notre confiance : Quels que soient vos desseins, ils sont tous prévenus; Et nous vous épargnons des malbeurs superflus. Si vous voulez de Rome obtenir quelque grâce, Scipion va venir, il n'est rien que n'efface A ses yeux indulgents un juste repentir. Rentrez dans le devoir dont vous osiez sortir. On vous rendra, seigneur, vos soldats et vos armes, Quand sur votre conduite on aura moins d'alarmes, Et ([uand vous cesserez de préférer en vain Une Carthaginoise à l'empire romain. Vous avez combattu sous nous avec courage ; Mais on est quelquefois imprudent à votre âge.

��SCENE III.

MASSINISSE.

Tu survis, Massinisse, à de pareils affronts! Ce sont là ces Romains, juges des nations. Qui voulaient faire au monde adorer leur puissance. Et des dieux, disaient-ils, imiter la clémence! Fourbes dans leurs traités, cruels dans leurs exploits. Déprédateurs du peuple, et fiers tyrans des rois! Je me repens, sans doute, et c'est de vivre encore Sans pouvoir me baigner dans leur sang que j'abhorre. Scipion prévient tout ; soit prudence ou bonheur, Son étonnant génie en tout temps est vainqueur. Sous les pas des Romains la tombe était ouverte ; Je vengeais Sophonisbe, et j'ai causé sa perte. Je n'ai pas su tromper, j'en recueille le fruit ; Dans l'art des trahisons j'étais trop mai instruit. Roi, vainqueur et captif, outragé, sans vengeance. Victime de l'amour et de mon imprudence, Mon cœur fut trop ouvert. Ah ! tu l'avais prévu, Sophonisbe; en effet, ma candeur m'a perdu. ciel ! c'est Scipion ! c'est Rome tout entière !

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