Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome8.djvu/144

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Vous n’êtes point flétris par ce honteux trépas :
Mânes trop généreux, vous n’en rougissez pas[1] ;
Vos noms toujours fameux vivront dans la mémoire ;
Et qui meurt pour son roi meurt toujours avec gloire[2].
Cependant la Discorde, au milieu des mutins,
S’applaudit du succès de ses affreux desseins :
D’un air fier et content, sa cruauté tranquille
Contemple les effets de la guerre civile ;
Dans ces murs tout sanglants, des peuples malheureux
Unis contre leur prince, et divisés entre eux,
Jouets infortunés des fureurs intestines,
De leur triste patrie avançant les ruines ;
Le tumulte au dedans, le péril au dehors,
Et partout le débris, le carnage, et les morts.

    furent pendus à une poutre dans le petit Châtelet, par l'ordre des Seize. Il est à remarquer que Hamilton, curé de Saint-Côme, furieux ligueur, était venu prendre lui-même Tardif dans sa maison, ayant avec lui des prêtres qui servaient d'archers. (Note de Voltaire, 1730.) — Voyez, sur ces événements, l'ouvrage intitulé Histoire du Parlement : l'auteur y parle comme historien; ici, il parle comme poëte. (K.)

  1. Racine a dit dans Andromaque , acte III, scène viii
    Pensez-vous qu'après tout ses mânes en rougissent?
  2. Tyrtée, dans le premier des fragments qui nous restent de lui, avait déjà vanté la mort du guerrier expirant pour son pays :
    Il est beau qu'un guerrier, à son poste immobile,
    Meure pour sa patrie, et meure aux premiers rangs.

    (Traduction de M. Firmin Didot.)
     
    Horace a dit, livre II, ode II, vers 13 :
    Dulce et décorum est pro patria mori.

    On lit dans Corneille :
    Le peuple est trop heureux quand il meurt pour son roi.