Les soldats de Henri près de lui se rangèrent :
Sur les deux combattants tous les yeux s’attachèrent :
Chacun, dans l’un des deux voyant son défenseur,
Du geste et de la voix excitait sa valeur.
Cependant sur Paris s’élevait un nuage[1]
Qui semblait apporter le tonnerre et l’orage ;
Ses flancs noirs et brûlants, tout à coup entr’ouverts,
Vomissent dans ces lieux les monstres des enfers,
Le Fanatisme affreux, la Discorde farouche,
La sombre Politique au cœur faux, à l’œil louche,
Le démon des combats respirant les fureurs,
Dieux enivrés de sang, dieux dignes des ligueurs.
Aux remparts de la ville ils fondent, ils s’arrêtent ;
En faveur de d’Aumale au combat ils s’apprêtent.
Voilà qu’au même instant, du haut des cieux ouverts,
Un ange est descendu sur le trône des airs,
Couronné de rayons, nageant dans la lumière,
Sur des ailes de feu parcourant sa carrière,
Et laissant loin de lui l’occident éclairé
Des sillons lumineux dont il est entouré.
Il tenait d’une main cette olive sacrée,
Présage consolant d’une paix désirée ;
Dans l’autre étincelait ce fer d’un Dieu vengeur,
Ce glaive dont s’arma l’ange exterminateur,
Quand jadis le Très-Haut à la Mort dévorante
Livra les premiers nés d’une race insolente.
À l’aspect de ce glaive, interdits, désarmés,
Les monstres infernaux semblent inanimés ;
La terreur les enchaîne ; un pouvoir invincible
Fait tomber tous les traits de leur troupe inflexible.
Ainsi de son autel teint du sang des humains
Tomba ce fier Dagon, ce dieu des Philistins,
Lorsque de l’Éternel, en son temple apportée,
À ses yeux éblouis l’arche fut présentée.
Paris, le roi, l’armée, et l’enfer, et les cieux,
Sur ce combat illustre avaient fixé les yeux[2].
Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome8.djvu/263
Apparence
Cette page n’a pas encore été corrigée