Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome8.djvu/275

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Aveuglé par son zèle, il te désobéit,
Et pense te venger alors qu’il te trahit.
Vois ce roi triomphant, ce foudre de la guerre,
L’exemple, la terreur, et l’amour de la terre ;
Avec tant de vertus, n’as-tu formé son cœur
Que pour l’abandonner aux pièges de l’erreur ?
Faut-il que de tes mains le plus parfait ouvrage
À son Dieu qu’il adore offre un coupable hommage ?
Ah ! si du grand Henri ton culte est ignoré,
Par qui le Roi des rois veut-il être adoré ?
Daigne éclairer ce cœur créé pour te connaître :
Donne à l’Église un fils, donne à la France un maître ;
Des ligueurs obstinés confonds les vains projets ;
Rends les sujets au prince, et le prince aux sujets
Que tous les cœurs unis adorent ta justice,
Et t’offrent dans Paris le même sacrifice. »
L’Éternel à ses vœux se laissa pénétrer ;
Par un mot de sa bouche il daigna l’assurer.
À sa divine voix les astres s’ébranlèrent ;
La terre en tressaillit, les ligueurs en tremblèrent.
Le roi, qui dans le ciel avait mis son appui,
Sentit que le Très-Haut s’intéressait pour lui.
Soudain la Vérité, si longtemps attendue,
Toujours chère aux humains, mais souvent inconnue,
Dans les tentes du roi descend du haut des cieux.
D’abord un voile épais la cache à tous les yeux :
De moment en moment, les ombres qui la couvrent
Cèdent à la clarté des feux qui les entr’ouvrent :
Bientôt elle se montre à ses yeux satisfaits,
Brillante d’un éclat qui n’éblouit jamais.
Henri, dont le grand cœur était formé pour elle,
Voit, connaît, aime enfin sa lumière immortelle.
Il avoue, avec foi, que la religion
Est au-dessus de l’homme, et confond la raison.
Il reconnaît l’Église ici-bas combattue,
L’Église toujours une, et partout étendue,
Libre, mais sous un chef, adorant en tout lieu,
Dans le bonheur des saints, la grandeur de son Dieu.
Le Christ, de nos péchés victime renaissante,