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[s4] LE VRAI DIEL'. 417

Je vous vois, victime innocente, Sous le faix d'une croix pesante. Vous traîner jusqu'au triste lieu. Tout est prêt pour le sacrifice : Vous semblez, de vos maux complice, Oublier que vous êtes Dieu.

toi dont la course céleste Annonce aux hommes ton auteur, Soleil ! eh cet état funeste Reconnais-tu ton Créateur ? C'est à toi de punir la terre : Si le ciel suspend son tonnerre, Ta clarté doit s'évanouir. Va te cacher au sein de l'onde : Peux-tu donner le jour au monde, Quand ton Dieu cesse d'en jouir?

Mais quel prodige me découvre Les flambeaux obscurs de la nuit ? Le voile du temple sentr'ouvre. Le ciel gronde, le jour s'enfuit. La terre, en abîmes ouverte, Avec regret se voit couverte Du sang d'un Dieu qui la forma ; Et la Nature consternée Semble à jamais abandonnée Du feu divin qui l'anima.

Toi seul, insensible à tes peines,

Tu chéris l'instant de ta mort.

Grand Dieu ! grâce aux fureurs humaines,

L'univers a changé de sort.

Je vois des palmes éternelles

Croître en ces campagnes cruelles

Qu'arrosa ton sang précieux.

L'homme est heureux d'être perfide,

Et, coupables d'un déicide,

Tu nous fais devenir des dieux.

��8. — Odes. 27

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