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V,; SUR LA MOllT I)K LA PRINCESSE DE BAIIEITIL 405

Que Dieu grava dans nos cœurs? Loi sainte, aujourd'hui proscrite Par la fureur hypocrite D'ignorants persécuteurs !

Des tranquilles hauteurs de la philosophie Ta pitié contemplait avec des yeux sereins Ces fantômes changeants du songe de la vie, Tant de travaux détruits, tant de projets si vains ;

Ces factions indociles

Qui tourmentent dans nos villes

Nos citoyens obstinés ;

Ces intrigues si cruelles

Qui font des cours les plus belles

Un séjour d'infortunés.

Du temps qui fuit toujours tn fis toujours usage : combien tu plaignais l'infâme oisiveté De ces esprits sans goût, sans force, et sans courage, Qui meurent pleins de jours, et n'ont point existé!

La vie est dans la pensée :

Si l'àme n'est exercée,

Tout son pouvoir se détruit;

Ce flambeau sans nourriture

N'a qu'une lueur obscure,

Plus affreuse que la nuit.

Illustres meurtriers, victimes mercenaires, Qui, redoutant la honte et maîtrisant la peur. L'an par l'autre animés aux combats sanguinaires, Fuiriez si vous l'osiez, et mourez par honneur;

Une femme, une princesse,

Dans sa tranquille sagesse ,

Du sort dédaignant les coups,

Souffrant ses maux sans se plaindre.

Voyant la mort sans la craindre.

Était plus brave que vous.

Mais qui célébrera l'amitié courageuse, Première des vertus, passion des grands cœurs, Feu sacré dont brûla ton âme généreuse, Qui s'épurait encore au creuset des malheurs?

8. — Odes. 30

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