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484 ODE XYl. [90]

Vérité, porte à la Mémoire, Répète aux plus lointains climats L'éternelle et fatale histoire Du supplice affreux des Calas ; Mais dis qu'un monarque propice, En foudroyant cette injustice, A vengé tes droits violés. Et vous, de Thémis interprètes, Méritez le rang où vous êtes; Aimez la justice, et tremblez.

Qu'il est beau, généreux d'Argence', Qu'il est digne de ton grand cœur De venger la faible innocence Des traits du calomniateur! Souvent l'Amitié chancelante Resserre sa pitié prudente ; Son cœur glacé n'ose s'ouvrir; Son zèle est réduit à tout craindre : Il est cent amis pour nous plaindre, Et pas un pour nous secourir.

Quel est ce guerrier intrépide?

Aux assauts je le vois voler ;

A la cour je le vois timide :

Qui sait mourir n'ose parler.

La Germanie et l'Angleterre

Par cent mille coups de tonnerre

Ne lui font pas baisser les yeux :

Mais un mot, un seul mot l'accable ;

Et ce combattant formidable

N'est qu'un esclave ambitieux.

Imitons les mœurs héroïques De ce ministre des combats, Qui de nos chevaliers antiques

i. Le marquis d'Argence avait écrit de son cliâlcau de Dirac, près d'Angoulùme, le 20 juillet 17G5, une lettre par laquelle il réfutait les assertions affreuses de l'Année littéraire contre les Calas.

Si, comme on a raison de le présumer, ce fut cette lettre qui donna naissance à l'ode, c'est une raison de croire que la lettre de Voltaire, classée au 8 décembre 17G6, est du 8 décembre 1765. (B )

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