Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome8.djvu/560

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.'U2 STANCES.

��XXXVl.

��AU ROI DE PRUSSE,

Sur un buste en porcelaine, fait à Berlin, niprésentant l'auteur, et envoyé par Sa Majesté, en janvier 1775 '.

Épictctc au bord du tomhoau A reçu ce présent des mains de Marc-Aurèlc.

Il a dit : « Mon sort est trop beau : J'aurai vécu pour lui ; je lui mourrai fidèle.

« Nous avons cultivé tous deux les mêmes arts

Et la même philosopliie ; Moi sujet, lui monarque et favori de Mars, Et tous les deux parfois objets d'un peu d'envie.

« Il rendit plus d'un roi de ses exploits jaloux : Moi, je fus harcelé des gredins du Parnasse. Il eut des ennemis, il les dissipa tous ; Et la troupe des miens dans la fange coasse.

« Les cagots m'ont persécuté ; Les cagots à ses pieds frémissaient en silence. Lui sur le trône assis, moi dans l'obscurité,

Nous prêchâmes la tolérance.

« Nous adorions tous deux le Dieu de l'univers : Car il en est un, quoi qu'on dise : Mais nous n'avions pas la sottise

De le déshonorer par des cultes pervers.

(c Nous irons tous les deux dans la céleste sphère, Lui fort tard, moi bientôt. Il obtiendra, je croi. Un trône auprès d'Achille, et même auprès d'Homère; Et j'y vais demander un tabouret pour moi. »

1. Ce buste était, en 1822, chez M"!' la marquise de Villctte. (B.)

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