Page:Voltaire - Dictionnaire philosophique portatif, 6e édition, tome 1.djvu/137

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KOU

Sans doute ; & s’il était possible qu’il cessât de l’être, (ce qui est un blasphème) je voudrais moi agir avec équité.

CU-SU

N’est-il pas vrai que votre devoir sera de récompenser les actions vertueuses, & de punir les criminelles quand vous serez sur le trône ? Voudriez-vous que Dieu ne fît pas ce que vous-même êtes tenu de faire ? Vous savez qu’il est, & qu’il sera toujours dans cette vie des vertus malheureuses, & des crimes impunis ; il est donc nécessaire que le bien & le mal trouvent leur jugement dans une autre vie. C’est cette idée si simple, si naturelle, si générale, qui a établi chez tant de nations la créance de l’immortalité de nos ames, & de la justice divine qui les juge, quand elles ont abandonné leur dépouille mortelle. Y a-t-il un systême plus raisonnable, plus convenable à la Divinité, & plus utile au genre humain ?

KOU

Pourquoi donc plusieurs nations n’ont-elles point embrassé ce systême ? Vous savez que nous avons dans notre province environ deux cents familles d’anciens Sinous* qui ont autrefois habité une partie de l’Arabie pétrée ; ni elles, ni leurs ancêtres n’ont jamais cru l’ame immortelle : ils ont leurs cinq livres, comme