se briser les unes contre les autres.
Je vous avoue que si je n’étais pas canusi, je ne haïrais pas d’être quekar. Vous m’avouerez qu’il n’y a pas moyen de se quereller avec des cuisiniers si pacifiques. Il y en a d’autres en très-grand nombre qu’on appelle diestes ; ceux-là donnent à dîner à tout le monde indifféremment, & vous êtes libre chez eux de manger tout ce qui vous plaît, lardé, bardé, sans lard, sans barde, aux oeufs, à l’huile ; perdrix, saumon, vin gris, vin rouge, tout cela leur est indifférent, pourvu que vous fassiez quelque prière à Dieu avant ou après le dîner, & même simplement avant le déjeuner, & que vous soyez honnêtes gens, ils riront avec vous aux dépens du grand lama, à qui cela ne fera nul mal, & aux dépens de Terluh & de Vincal, & de Memnon, &c. Il est bon seulement que nos diestes avouent que nos canusi sont très-savants en cuisine, & que surtout ils ne parlent jamais de retrancher nos rentes ; alors nous vivrons très-paisiblement ensemble.
Mais enfin, il faut qu’il y ait une cuisine dominante, la cuisine du roi.
Je l’avoue ; mais quand le roi du Japon a fait bonne chère, il doit être de bonne humeur,