Page:Voltaire - Dictionnaire philosophique portatif, 6e édition, tome 1.djvu/209

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N’eût consacré ces demi-dieux,
Alexandre aux yeux du vulgaire,
N’aurait été qu’un téméraire,
Et César qu’un séditieux.

« Cet auteur, dit-il, était un sage qui prêta plus d’une fois le charme des vers à la philosophie. S’il avait toujours écrit de pareilles stances, il serait le premier des poëtes lyriques, cependant c’est alors qu’il donnait ces beaux morceaux, que l’un de ses contemporains l’appelait :

Certain oison gibier de basse-cour.

« Il dit de Lamotte en un autre endroit :

De ses discours l’ennuyeuse beauté.

« Il dit dans un autre :

… Je n’y vois qu’un défaut,
C’est que l’auteur les devait faire en prose.
Ces odes-là sentent bien le Quinaut.

« Il le poursuit partout ; il lui reproche partout la sécheresse, & le défaut d’harmonie. Seriez-vous curieux de voir les odes que fit quelques années après ce même censeur qui jugeait Lamotte en maître, & qui le décriait en ennemi ? Lisez :

Cette influence souveraine
N’est pour lui qu’une illustre chaîne
Qui l’attache au bonheur d’autrui ;
Tous les brillants qui l’embellissent,
Tous les talents qui l’ennoblissent
Sont en lui, mais non pas à lui.