J’ai deux fils, je ne les ai jamais trompés ; je leur ai dit quand ils ont été malades, voilà une médecine très-amère, il faut avoir le courage de la prendre ; elle vous nuirait si elle était douce ; je n’ai jamais souffert que leurs gouvernantes & leurs précepteurs leur fissent peur des esprits, des revenants, des lutins, des sorciers ; par là j’en ai fait de jeunes citoyens courageux & sages.
Le peuple n’est pas né si heureusement que votre famille.
Tous les hommes se ressemblent ; ils sont nés avec les mêmes dispositions. Ce sont les faquirs qui corrompent la nature des hommes.
Nous leur enseignons des erreurs, je l’avoue, mais c’est pour leur bien. Nous leur faisons accroire que s’ils n’achètent pas de nos clous bénits, s’ils n’expient pas leurs péchés en nous donnant de l’argent, ils deviendront dans une autre vie, chevaux de poste, chiens, ou lézards. Cela les intimide, & ils deviennent gens de bien.
Ne voyez-vous pas que vous pervertissez ces p