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272 GLOIRE.

Qu’avez-vous de commun, misérables vers de terre appelés hommes avec la gloire de l’Être infini ? Peut-il aimer la gloire ? Peut-il en recevoir de vous ? Peut-il en goûter ? Jusqu’à quand, animaux à deux pieds sans plumes, ferez-vous Dieu à votre image ? Quoi ! parce que vous êtes vains, parce que vous aimez la gloire, vous voulez que Dieu l’aime aussi ! S’il y avait plusieurs dieux, chacun d’eux peut-être voudrait obtenir les suffrages de ses semblables. Ce serait là la gloire d’un dieu. Si l’on peut comparer la grandeur infinie avec la bassesse extrême, ce dieu serait comme le roi Alexandre ou Scander, qui ne voulait entrer en lice qu’avec des rois : Mais vous, pauvres gens, quelle gloire pouvez-vous donner à Dieu ? Cessez de profaner son nom sacré. Un empereur nommé Octave Auguste, défendit qu’on le louât dans les écoles de Rome, de peur que son nom ne fût avili. Mais vous ne pouvez ni avilir l’Être suprême, ni l’honorer. Anéantissez-vous, adorez & taisez-vous.

Ainsi parlait Ben-al-bétif, & les derviches s’écrièrent, Gloire à Dieu ! Ben-al-bétif a bien parlé.