Page:Voltaire - Dictionnaire philosophique portatif, 6e édition, tome 1.djvu/31

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une ame immatérielle & immortelle, tu n’en aurais aucune preuve.

Voyons les beaux systêmes que ta philosophie a fabriqués sur ces ames.

L’un dit que l’ame de l’homme est partie de la substance de Dieu même, l’autre qu’elle est partie du grand tout, un troisième qu’elle est créée de toute éternité, un quatrième qu’elle est faite, & non créée ; d’autres assurent que Dieu les forme à mesure qu’on en a besoin, & qu’elles arrivent à l’instant de la copulation ; Elles se logent dans les animalcules séminaux, crie celui-ci : Non, dit celui-là, elles vont habiter dans les trompes de fallope. Vous avez tous tort, dit un survenant, l’ame attend six semaines que le fœtus soit formé, & alors elle prend possession de la glande pinéale ; mais [si] elle trouve un faux germe, elle s’en retourne, en attendant une meilleure occasion. La dernière opinion est que sa demeure est dans le corps calleux, c’est le poste que lui assigne La Peironie ; il fallait être premier chirurgien du Roi de France pour disposer ainsi du logement de l’ame. Cependant, son corps calleux n’a pas fait la même fortune que ce chirurgien avait faite.

Saint Thomas dans sa question 75e & suivantes, dit que l’ame est une forme subsistante, per se, qu’elle est toute en tout, que son essence diffère de sa puissance, qu’il y a trois ames végétatives, sçavoir, la nutritive, l’augmentative, la générative ; que la mémoire des choses