Page:Voltaire - Dictionnaire philosophique portatif, 6e édition, tome 1.djvu/60

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Aristote est accusé d’Athéïsme par un prêtre, & ne pouvant faire punir son accusateur, il se retire à Calcis. Mais la mort de Socrate est ce que l’histoire de la Grèce a de plus odieux.

Aristophane, (cet homme que les commentateurs admirent, parce qu’il était Grec, ne songeant pas que Socrate était Grec aussi) Aristophane fut le premier qui accoutuma les Athéniens à regarder Socrate comme un Athée.

Ce poëte comique, qui n’est ni comique ni poëte, n’aurait pas été admis parmi nous à donner ses farces à la foire St. Laurent ; il me paraît beaucoup plus bas & plus méprisable que Plutarque ne le dépeint. Voici ce que le sage Plutarque dit de ce farceur : « Le langage d’Aristophane sent son misérable charlatan ; ce sont les pointes les plus basses & les plus dégoutantes ; il n’est pas même plaisant pour le peuple, & il est insupportable aux gens de jugement & d’honneur ; on ne peut souffrir son arrogance, & les gens de bien détestent sa malignité. »

C’est donc là, pour le dire en passant, le Tabarin que Madame Dacier admiratrice de Socrate, ose admirer : Voilà l’homme qui prépara de loin le poison, dont des juges infames firent périr l’homme le plus vertueux de la Grèce.

Les tanneurs, les cordonniers & les couturières d’Athènes applaudirent à une farce dans laquelle on représentait Socrate élevé en l’air dans un panier, annonçant qu’il n’y avait point de