Page:Voltaire - Dictionnaire philosophique portatif, 6e édition, tome 1.djvu/84

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on sçait, cette théologie ; mais comme ces gens-là n’avaient jamais parlé ni au bon, ni au mauvais principe, il ne faut pas les en croire sur leur parole.

Parmi les absurdités dont ce monde regorge, & qu’on peut mettre au nombre de nos maux, ce n’est pas une absurdité légère, que d’avoir supposé deux êtres tout-puissants, se battant à qui des deux mettrait plus du sien dans ce monde, & faisant un traité comme les deux médecins de Molière : passez moi l’émétique, & je vous passerai la saignée.

Basilide, après les Platoniciens, prétendit, dès le premier siécle de l’Eglise, que Dieu avait donné notre monde à faire à ses derniers anges ; & que ceux-ci n’étant pas habiles, firent les choses telles que nous les voyons. Cette fable théologique tombe en poussiére par l’objection terrible, qu’il n’est pas dans la nature d’un Dieu tout-puissant & tout sage, de faire bâtir un monde par des architectes qui n’y entendent rien.

Simon qui a senti l’objection, la prévient en disant, que l’ange qui présidait à l’attelier est damné pour avoir si mal fait son ouvrage ; mais la brulure de cet ange ne nous guérit pas.

L’avanture de Pandore chez les Grecs, ne répond pas mieux à l’objection. La boête où se trouvent tous les maux, & au fond de laquelle reste l’espérance, est à la vérité une allégorie charmante ; mais cette Pandore ne fut faite par Vulcain que pour se venger de Pro-