Page:Voltaire - Dictionnaire philosophique portatif, 6e édition, tome 2.djvu/144

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orient du Jourdain, étaient à l’occident ?

6° Aurait-il assigné quarante-huit villes aux lévites dans un pays où il n’y a jamais eu dix villes, & dans un désert où il a toujours erré sans avoir une maison ?

7° Aurait-il prescrit des règles pour les rois juifs, tandis que non seulement il n’y avait point de rois chez ce peuple, mais qu’ils étaient en horreur, & qu’il n’était pas probable qu’il y en eût jamais ? Quoi ! Moïse aurait donné des préceptes pour la conduite des rois, qui ne vinrent qu’environ cinq cents années après lui, & il n’aurait rien dit pour les juges & les pontifes qui lui succédèrent ? Cette réflexion ne conduit-elle pas à croire que le Pentateuque a été composé du temps des rois, & que les cérémonies instituées par Moïse n’avaient été qu’une tradition ?

8° Se pourrait-il faire qu’il eût dit aux Juifs, Je vous ai fait sortir au nombre de six cent mille combattants de la terre d’Égypte, sous la protection de votre Dieu ? Les Juifs ne lui auraient-ils pas répondu, Il faut que vous ayez été bien timide pour ne nous pas mener contre le Pharaon d’Égypte ; il ne pouvait pas nous opposer une armée de deux cent mille hommes. Jamais l’Égypte n’a eu tant de soldats sur pied ; nous l’aurions vaincu sans peine, nous serions les maîtres de son pays ? Quoi ! le Dieu qui vous parle a égorgé pour nous faire plaisir tous les premiers-nés d’Égypte, & s’il y a dans ce pays-là trois cent mille familles,