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Page:Voltaire - Dictionnaire philosophique portatif, 6e édition, tome 2.djvu/156

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esclaves traînaient une vie misérable, en campagnes fertiles peuplées de familles heureuses ; mais j’ai découvert que tu me méprises, & que tu n’as jamais lu mon livre de controverse : tu sais que je suis un fripon, que j’ai contrefait l’écriture de G***, que j’ai volé des **** ; tu pourrais bien le dire, il faut que je te prévienne ; j’irai donc chez le confesseur du premier ministre ou chez le podestat. Je leur remontrerai en penchant le cou, & en tordant la bouche, que tu as une opinion erronée sur les cellules où furent renfermés les Septante ; que tu parlas même il y a dix ans d’une manière peu respectueuse du chien de Tobie, lequel tu soutenais être un barbet, tandis que je prouvais que c’était un lévrier. Je te dénoncerai comme l’ennemi de Dieu & des hommes. Tel est le langage du persécuteur ; & si ces paroles ne sortent pas précisément de sa bouche, elles sont gravées dans son cœur avec le burin du fanatisme trempé dans le fiel de l’envie.

C’est ainsi que le jésuite Le Tellier osa persécuter le cardinal de Noailles, & que Jurieu persécuta Bayle.

Lorsqu’on commença à persécuter les protestants en France, ce ne fut ni François Ier, ni Henri II, ni François II, qui épièrent ces infortunés, qui s’armèrent contre eux d’une fureur réfléchie, & qui les livrèrent aux flammes pour exercer sur eux leurs vengeances. François Ier était trop occupé avec la duchesse d’Étampes,