Page:Voltaire - Dictionnaire philosophique portatif, 6e édition, tome 2.djvu/166

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Alger, vers notre septentrion, sont des républiques de brigands. Les Hottentots vers le midi, vivent encor comme on dit qu’on vivait dans les premiers âges du monde ; libres, égaux entre eux, sans maîtres, sans sujets, sans argent, & presque sans besoins. La chair de leurs moutons les nourrit, leur peau les habille, les huttes de bois & de terre sont leurs retraites : ils sont les plus puants de tous les hommes, mais ils ne le sentent pas ; ils vivent & ils meurent plus doucement que nous.

Il reste dans notre Europe huit républiques sans monarques, Venise, la Hollande, la Suisse, Gênes, Luques, Raguse, Genève & Saint Marin. On peut regarder la Pologne, la Suède, l’Angleterre, comme des républiques sous un roi, mais la Pologne est la seule qui en prenne le nom.

Or, maintenant, lequel vaut le mieux que votre patrie soit un État monarchique, ou un État républicain ? il y a quatre mille ans qu’on agite cette question. Demandez la solution aux riches, ils aiment tous mieux l’aristocratie : interrogez le peuple, il veut la démocratie ; il n’y a que les rois qui préfèrent la royauté. Comment donc est-il possible que presque toute la terre soit gouvernée par des monarques ? demandez-le aux rats qui proposèrent de pendre une sonnette au cou du chat. Mais en vérité, la véritable raison est, comme on l’a dit, que les hommes sont très-rarement dignes de se gouverner eux-mêmes.