Page:Voltaire - Dictionnaire philosophique portatif, 6e édition, tome 2.djvu/180

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

fut mis dans un cachot que pour quelques jours ; mais enfin il est désagréable pour un homme inspiré d’être souffleté & fourré dans un cul de basse-fosse.

On croit que le roi Amasias fit arracher les dents au prophète Amos pour l’empêcher de parler. Ce n’est pas qu’on ne puisse absolument parler sans dents ; on a vu de vieilles édentées très-bavardes ; mais il faut prononcer distinctement une prophétie, & un prophète édenté n’est pas écouté avec le respect qu’on lui doit.

Baruch essuya bien des persécutions. Ézéchiel fut lapidé par les compagnons de son esclavage. On ne sait si Jérémie fut lapidé, ou s’il fut scié en deux.

Pour Isaïe, il passe pour constant qu’il fut scié par ordre de Manassé roitelet de Juda.

Il faut convenir que c’est un méchant métier que celui de prophète. Pour un seul qui comme Élie va se promener de planètes en planètes dans un beau carrosse de lumière, traîné par quatre chevaux blancs, il y en a cent qui vont à pied, & qui sont obligés d’aller demander leur dîner de porte en porte. Ils ressemblent assez à Homère qui fut obligé, dit-on, de mendier dans les sept villes qui se disputèrent depuis l’honneur de l’avoir vu naître. Ses commentateurs lui ont attribué une infinité d’allégories, auxquelles il n’avait jamais pensé. On a fait souvent le même honneur aux prophètes. Je ne disconviens pas qu’ils n’aient été très-instruits