Page:Voltaire - Dictionnaire philosophique portatif, 6e édition, tome 2.djvu/204

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que pour aller se promener avec elles, ou le long du lac de Genézareth, ou vers celui de Sodome, ou vers le torrent de Cédron, qui est un des endroits des plus délicieux de la terre, quoiqu’à la vérité ce torrent soit à sec neuf mois de l’année, & que le terrein soit un peu pierreux.

Mais ce sage Salomon a-t-il fait les ouvrages qu’on lui attribue ? Est-il vraisemblable, par exemple, qu’il soit l’auteur de l’églogue juive intitulée le Cantique des Cantiques ?

Il se peut qu’un Monarque, qui avait mille femmes, ait dit à l’une d’elles, qu’elle me baise d’un baiser de sa bouche, car vos tetons sont meilleurs que le vin ; un Roi & un berger, quand il s’agit de baiser sur la bouche, peuvent s’exprimer de la même manière ; il est vrai qu’il est assez étrange qu’on ait prétendu que c’était la fille qui parlait, en cet endroit, & qui faisoit l’éloge des tetons de son amant.

Je ne nierai pas encor qu’un Roi galant ait fait dire à sa maîtresse, mon bien aimé est comme un bouquet de mirrhe, il demeurera entre mes tétons. Je n’entends pas trop ce que c’est qu’un bouquet de mirrhe ; mais enfin quand la bien-aimée avise son bien-aimé, de lui passer la main gauche sur le cou, & de l’embrasser de la main droite, je l’entends fort bien.

On pourrait demander quelques explications à l’auteur du cantique, quand il dit j Votre nombril est comme une coupe dans laquelle il y a toujours quelque chose à boire ; votre ven