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théologien

J’ai connu un vrai théologien ; il possédait les langues de l’Orient, & était instruit des anciens rites des nations autant qu’on peut l’être. Les brachmanes, les Chaldéens, les ignicoles, les sabéens, les Syriens, les Égyptiens lui étaient aussi connus que les Juifs ; les diverses leçons de la Bible lui étaient familières ; il avait pendant trente années essayé de concilier les Évangiles, & tâché d’accorder ensemble les Pères. Il chercha dans quel temps précisément on rédigea le symbole attribué aux apôtres, & celui qu’on met sous le nom d’Athanase ; comment on institua les sacrements les uns après les autres, quelle fut la différence entre la synaxe & la messe, comment l’Église chrétienne fut divisée depuis sa naissance en différents partis, & comment la société dominante traita toutes les autres d’hérétiques. Il sonda les profondeurs de la politique qui se mêla toujours de ces querelles, & il distingua entre la politique & la sagesse, entre l’orgueil qui veut subjuguer les esprits & le désir de s’éclairer soi-même, entre le zèle & le fanatisme.

La difficulté d’arranger dans sa tête tant de choses, dont la nature est d’être confondues, & de jeter un peu de lumière sur tant de nuages,