Page:Voltaire - Dictionnaire philosophique portatif, 6e édition, tome 2.djvu/231

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ils ne songeaient qu’à gagner de l’argent ; mais il est incontestable que les chrétiens voulaient que leur religion fût la dominante. Les Juifs ne voulaient pas que la statue de Jupiter fût à Jérusalem ; mais les chrétiens ne voulaient pas qu’elle fût au Capitole. Saint Thomas a la bonne foi d’avouer, que si les chrétiens ne détrônèrent pas les empereurs, c’est qu’ils ne le pouvaient pas. Leur opinion était que toute la terre doit être chrétienne. Ils étaient donc nécessairement ennemis de toute la terre, jusqu’à ce qu’elle fût convertie.

Ils étaient entre eux ennemis les uns des autres sur tous les points de leur controverse. Faut-il d’abord regarder Jésus-Christ comme Dieu ? ceux qui le nient sont anathématisés sous le nom d’ébionites qui anathématisent les adorateurs de Jésus.

Quelques-uns d’entre eux veulent-ils que tous les biens soient communs, comme on prétend qu’ils l’étaient du temps des apôtres ? Leurs adversaires les appellent nicolaïtes, & les accusent des crimes les plus infames. D’autres prétendent-ils à une dévotion mystique ? on les appelle gnostiques, & on s’élève contre eux avec fureur. Marcion dispute-t-il sur la Trinité ? On le traite d’idolâtre.

Tertullien, Praxéas, Origène, Novat, Novatien, Sabellius, Donat sont tous persécutés par leurs frères avant Constantin : & à peine Constantin a-t-il fait régner la religion chrétienne, que les athanasiens & les eusébiens se