Page:Voltaire - Dictionnaire philosophique portatif, 6e édition, tome 2.djvu/61

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ce pour empêcher qu’on ne rebâtît un temple où lui-même sacrifia, & où il fut circoncis, ne ferait-il pas des miracles pour rendre chrétiennes tant de nations qui se moquent du christianisme, ou plutôt, pour rendre plus doux & plus humains ses chrétiens qui depuis Arius & Athanase jusqu’aux Roland & aux Cavalier des Cévennes ont versé des torrents de sang, & se sont conduits en cannibales ?

De là je conclus que la nature n’est point en collusion avec le christianisme, comme le dit La Bléterie ; mais que La Bléterie est en collusion avec des contes de vieilles, comme dit Julien, Quibus cum stolidis aniculis negotium erat.

La Bléterie, après avoir rendu justice à quelques vertus de Julien, finit pourtant l’histoire de ce grand homme, en disant que sa mort fut un effet de la vengeance divine. Si cela est, tous les héros morts jeunes depuis Alexandre jusqu’à Gustave-Adolphe, ont donc été punis de Dieu. Julien mourut de la plus belle des morts en poursuivant ses ennemis après plusieurs victoires. Jovien qui lui succéda régna bien moins longtemps que lui, & régna avec honte. Je ne vois point la vengeance divine, & je ne vois plus dans La Bléterie qu’un déclamateur de mauvaise foi ; mais où sont les hommes qui osent dire la vérité ?

Le stoïcien Libanius fut un de ces hommes rares ; il célébra le brave & clément Julien devant Théodose le meurtrier des Thessaloniciens ;