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France, de Savoye &c. autoriſe dans ces cas le prompt ſaiſiſſement du coupable.


XX.

Une loi ſomptuaire qui eſt bonne dans une République pauvre & deſtituée des arts, devient abſurde quand la ville eſt devenue induſtrieuſe & opulente. C’eſt priver les artiſtes du gain légitime qu’ils feroient avec les riches ; c’eſt priver ceux qui ont fait des fortunes du droit naturel d’en jouir, c’eſt étouffer toute induſtrie, c’eſt vexer à la fois les riches & les pauvres.

XX.

M. D. V. attaque ici la loi la plus ſage, la plus avantageuſe de la police établie par la République ; & il ne voit pas la contradiction où il tombe : il ſuppoſe qu’autrefois Geneve étoit pauvre ; il la préſente aujourd’hui comme une Ville riche & induſtrieuſe ; en quoi il dit vrai. Cependant la loi ſomptuaire y exiſte dans ſa vigueur : donc cette loi ne met aucun obſtacle au progrès des arts, ni à l’avancement du commerce ; donc elle ne prive point l’artiſte de ſon gain légitime, ni les gens de fortune de leur bonheur : avec elle ſubſiſte également l’induſtrie : elle ne fait ſouffrir ni les pauvres ni les riches.


XXI.

On ne doit pas plus régler les habits du riche que les haillons du pauvre. Tout deux également

XXI.

Le Gouvernement de Geneve n’eſt pas le premier qui ait porté des loix ſomptuaires. L’exemple eſt ancien. Quelques