Page:Voltaire - Idées républicaines, augmentées de remarques, éd. Needham, 1766.djvu/42

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
42
que ce ſeroit une ſociété de bêtes, ou une ſociété d’Anges ? Bayle a traité fort au long la queſtion, ſi les chrétiens de la primitive Egliſe pouvoient être des philoſophes, des politiques & des guerriers ? Cette queſtion eſt aſſez oiſeuſe. Mais on veut enchérir ſur Bayle, on répéte ce qu’il a dit, & dans la crainte de n’être qu’un plagiaire on ſe ſert de termes hazardés, qui au fond ne ſignifient rien : car quels que ſoient les dogmes des nations, elles feront toujours la guerre. On a brûlé ce livre chez nous. L’opération de le brûler a été auſſi oiſeuſe peut-être, que celle de le compoſer. Il y a des choſes qu’il faut qu’une adminiſtration ſage ignore. Si ce livre étoit dangéreux, il falloit le réfuter. Brûler un livre de raiſonnement, c’eſt dire :

été du gout de M. D. V. que ne s’eſt-il chargé de la réfutation, la choſe eut été rare, mais nous vivons dans un ſiécle de phénomenes. D’ailleurs ; elle n’étoit pas difficile ; les erreurs dont ce livre eſt rempli, ont été cent fois réfutées & proſcrites, parce que nos incrédules ne font que ſe copier. Tout ce qu’ils écrivent en ce genre a été dit par les Celſe, les Porphire, les Julien. Nos nouveaux Philoſophes n’ont pas la gloire de l’invention ; ils n’ont que celle d’être de parfaits diſciples de ces grands-hommes. Que M. D. V. ne ſe plaigne point, nous ne le ſéparons point de la compagnie ; ainſi il en ſera encore pour les frais de la critique.