Page:Voltaire - Idées républicaines, augmentées de remarques, éd. Needham, 1766.djvu/64

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quelquefois plus qu’il ne juge : & il faut ſouhaiter qu’un ſi beau génie eut toujours plus cherché à inſtruire qu’a étonner. Ce livre défectueux eſt plein de choſes admirables dont on a fait de déteſtables copies. Des fanatiques l’ont inſulté par les endroits mêmes qui méritent les remerciments du genre humain.

Puiſſance eſt fixée dans les bornes qui lui ſont propres. Suit une Kirielle de reproches contre l’Auteur de l’eſprit des Loix. Il n’eſt qu’un eſprit ſautillant, ſatiriſant ; à meſure qu’on le lit, l’on appréhende pour l’ouvrage ; l’on craint que le dépit n’ait ſaiſi M. D. V. & ne le lui ait fait jetter au feu ; point du tout : ce livre plein de défauts eſt admirable ; apparemment par ſes défauts mêmes. Car enfin l’un a prouvé à l’Auteur de l’Eſprit des Loix que préſenter la religion comme une affaire de climat, c’eſt une extravagance : placer la probité en certains gouvernemens comme un reſſort néceſſaire, l’exclure des autres, c’eſt méconnoître le vrai principe de la conſtitution politique ; on lui a montré d’autres bévues auſſi groſſieres, qui à chaque page égareroient un lecteur ignorant ou inattentif. C’eſt néanmoins par ſemblables traits qu’un ouvrage plait à nos nouveaux Philoſophes, & qu’il captive leur admiration : nous en ſommes ſurpris, nous autres foibles humains, qui n’y voyons pas au-delà des bornes de nos petites lu-