Page:Voltaire - Idées républicaines, augmentées de remarques, éd. Needham, 1766.djvu/74

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
74

diſtribueroit indifféremment du poiſon préparé. Cependant des deux commerces quel ſeroit le plus dangéreux, le plus funeſte.

Nos prétendus ſages doivent-ils donc être exclus de toute eſpece de tolérance ? Nous ne le penſons pas : ils ſont hommes, qu’ils vivent parmi les hommes ; le vice de leurs opinions ne doit pas les dépouiller des droits eſſentiels de la ſociété ; mais qu’ils le renferment dans leur perſonne, & qu’ils reſpectent dans les autres les ſentiments que la religion & la vertu inſpirent. C’eſt à cette condition ſeule qu’ils peuvent être admis à la tolérance : l’eſprit d’incrédulité forme leur ſphere : qu’ils ſachent qu’il ne leur eſt pas permis de l’étendre s’ils le font, les loix divines & humaines s’élevent contre leur attentat ; ils méritent l’animadverſion des Magiſtrats, & de devenir l’horreur du genre humain. Qu’un téméraire laiſſe échapper quelque parole indiſcrette contre le gouvernement, contre la perſonne ſacrée du Prince, auſſitôt il eſt puni, il diſparoît : Dieu ſouverain maître de l’Univers eſt le ſeul contre qui l’on peut impunément parler & écrire.