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Catéchisme Chinois.

Kou.

Sans doute ; & s’il était possible qu’il cessât de l’être, (ce qui est un blasphême) je voudrais moi agir avec équité.

Cu-su.

N’est-il pas vrai que votre devoir sera de récompenser les actions vertueuses, & de punir les criminelles quand vous serez sur le trône ? Voudriez-vous que Dieu ne fît pas ce que vous-même êtes tenu de faire ? Vous savez qu’il est, & qu’il sera toûjours dans cette vie des vertus malheureuses, & des crimes impunis ; il est donc nécessaire que le bien & le mal trouvent leur jugement dans une autre vie. C’est cette idée si simple, si naturelle, si générale, qui a établi chez tant de nations la créance de l’immortalité de nos ames, & de la justice divine qui les juge, quand elles ont abandonné leur dépouille mortelle. Y a-t-il un systême plus raisonnable, plus convenable à la Divinité, & plus utile au genre humain ?

Kou.

Pourquoi donc plusieurs nations n’ont-elles point embrassé ce systême ? Vous savez que nous avons dans notre province environ deux cents familles d’anciens Sinous[1] qui ont autrefois habité une partie de l’Arabie pétrée ; ni el-

  1. Ce sont les Juifs des dix tribus, qui dans leur dispersion, pénétrèrent jusqu’à la Chine ; ils y sont appelés Sinous.