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Page:Voltaire - La Raison par alphabet, 6e édition, Cramer, 1769, tome 1.djvu/151

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Catéchisme du Jardinier.

Tuctan.

Et le serment que tu m’as fait que deviendrait-il ?

Karpos.

Il serait comme mes figues, vous n’en tâteriez plus : n’est-il pas vrai, (sauf respect) que si vous étiez mort à l’heure que je vous parle, je ne vous devrais plus rien ?

Tuctan.

La supposition est incivile, mais la chose est vraie.

Karpos.

Eh bien, si vous étiez chassé, c’est comme si vous étiez mort, car vous auriez un successeur auquel il faudrait que je fisse un autre serment. Pourriez-vous exiger de moi une fidélité qui ne vous servirait à rien ? c’est comme si ne pouvant manger de mes figues vous vouliez m’empêcher de les vendre à d’autres.

Tuctan.

Tu es un raisonneur. Tu as donc des principes ?

Karpos.

Oui à ma façon, ils sont en petit nombre, mais ils me suffisent, & si j’en avais davantage ils m’embarrasseraient.

Tuctan.

Je serais curieux de savoir tes principes.