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Page:Voltaire - La Raison par alphabet, 6e édition, Cramer, 1769, tome 1.djvu/172

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Histoire.

nation ; il ne dit jamais aux Juifs qu’il était né d’une vierge ; il reçut la bénédiction de Jean dans l’eau du Jourdain, cérémonie à laquelle plusieurs Juifs se soumettaient, mais il ne baptisa jamais personne ; il ne parla point des sept sacremens ; il n’institua point de hiérarchie ecclésiastique de son vivant. Il cacha à ses contemporains qu’il était fils de Dieu, éternellement engendré, consubstantiel à Dieu, & que le Saint-Esprit procédait du Père & du Fils. Il ne dit point que sa personne était composée de deux natures, & de deux volontés ; il voulut que ces grands mystères fussent annoncés aux hommes dans la suite des tems, par ceux qui seraient éclairés des lumières du St. Esprit. Tant qu’il vécut il ne s’écarta en rien de la loi de ses pères ; il ne montra aux hommes qu’un juste agréable à Dieu, persécuté par ses envieux, & condamné à la mort par des magistrats prévenus. Il voulut que sa sainte Église établie par lui fît tout le reste.

Joseph, au chap. XII. de son histoire, parle d’une secte de Juifs rigoristes, nouvellement établie par un nommé Judas Galiléen. Ils méprisent, dit-il, les maux de la terre ; ils triomphent des tourmens par leur constance ; ils préfèrent la mort à la vie lorsque le sujet en est honorable. Ils ont souffert le fer & le feu, & vu briser leurs os, plutôt que de prononcer la moindre parole contre leur législateur, ni manger des viandes défenduës.

Il paraît que ce portrait tombe sur les Judaïtes, & non pas sur les Esséniens. Car voici