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Histoire.

du St. Esprit devait être substitué à celui de Jésus-Christ ; mais il ne parut jamais dans les premiers siècles de l’Église aucun livre sous ce titre.

On supposa encor des lettres de la Vierge, écrites à Saint Ignace le martyr, aux habitans de Messine & à d’autres.

Abdias qui succéda immédiatement aux apôtres, fit leur histoire, dans laquelle il mêla des fables si absurdes que ces histoires ont été avec le tems entièrement décréditées, mais elles eurent d’abord un grand cours. C’est Abdias qui rapporte le combat de St. Pierre avec Simon le magicien. Il y avait en effet à Rome un mécanicien fort habile nommé Simon, qui non seulement faisait exécuter des vols sur les théâtres, comme on le fait aujourd’hui, mais qui lui-même renouvela le prodige attribué à Dédale ; il se fit des ailes, il vola, & il tomba comme Icare ; c’est ce que rapportent Pline & Suétone.

Abdias qui était dans l’Asie & qui écrivait en hébreu, prétend que St. Pierre & Simon se rencontrèrent à Rome du tems de Néron. Un jeune homme proche parent de l’empereur mourut ; toute la cour pria Simon de le ressusciter ; St. Pierre de son côté se présenta pour faire cette opération. Simon employa toutes les règles de son art ; il parut réussir, le mort remua la tête. Ce n’est pas assez, cria St. Pierre, il faut que le mort parle, que Simon s’éloigne du lit, & on verra si le jeu-