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Du Christianisme.

dence des magistrats craignit qu’elles ne devinssent tumultueuses. Il nous est resté peu de procès verbaux des Pro-consuls & des Préteurs qui condamnèrent les Chrétiens à mort. Ce serait les seuls actes sur lesquels on pût constater les accusations portées contr’eux, & leurs supplices.

Nous avons un fragment de Denys d’Alexandrie, dans lequel il rapporte l’extrait du greffe d’un pro-consul d’Égypte, sous l’empereur Valérien ; le voici.

« Denys, Fauste, Maxime, Marcel, & Cherémon, ayant été introduits à l’audience, le préfet Émilien leur a dit : Vous avez pu connaître par les entretiens que j’ai eus avec vous, & par tout ce que je vous en ai écrit, combien nos princes ont témoigné de bonté à votre égard ; je veux bien encor vous le redire : ils font dépendre votre conservation & votre salut de vous-mêmes, & votre destinée est entre vos mains : ils ne demandent de vous qu’une seule chose, que la raison exige de toute personne raisonnable, c’est que vous adoriez les dieux protecteurs de leur Empire, & que vous abandonniez cet autre culte si contraire à la nature & au bon sens.

« Denys a répondu : Chacun n’a pas les mêmes dieux, & chacun adore ceux qu’il croit l’être véritablement.

« Le préfet Émilien a repris : Je vois bien que vous êtes des ingrats, qui abusez des bontés que les empereurs ont pour vous. Eh