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Du Christianisme.

et leur corps fut jeté dans la mer. Il eût été à souhaiter que les Chrétiens eussent moins écouté l’esprit de vengeance ; mais Dieu qui punit selon sa justice, voulut que les mains des Chrétiens fussent teintes du sang de leurs persécuteurs, sitôt que ces Chrétiens furent en liberté d’agir.

Constantin convoqua, assembla dans Nicée, vis-à-vis de Constantinople, le premier concile œcuménique, auquel présida Ozius. On y décida la grande question qui agitait l’Église, touchant la divinité de Jésus-Christ ; les uns se prévalaient de l’opinion d’Origène, qui dit au chap. 6 contre Celse, Nous présentons nos prières à Dieu par Jésus, qui tient le milieu entre les natures créées, & la nature incréée, qui nous apporte la grace de son père, & présente nos prières au grand Dieu en qualité de notre pontife. Ils s’appuyaient aussi sur plusieurs passages de St. Paul, dont on a rapporté quelques-uns. Ils se fondaient surtout sur ces paroles de Jésus-Christ, Mon père est plus grand que moi ; & ils regardaient Jésus comme le premier né de la création, comme la plus pure émanation de l’Être suprême, mais non pas précisément comme Dieu.

Les autres qui étaient orthodoxes, alléguaient des passages plus conformes à la divinité éternelle de Jésus, comme celui-ci : Mon père & moi, nous sommes la même chose ; paroles que les adversaires interprétaient comme signifiant ; mon père & moi avons le même dessein, la même volonté ; je n’ai point d’autres désirs que ceux de