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Page:Voltaire - La Raison par alphabet, 6e édition, Cramer, 1769, tome 1.djvu/255

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Divinité de Jésus.

DIVINITÉ DE JÉSUS.



Les Sociniens qui sont regardés comme des blasphémateurs ne reconnaissent point la divinité de Jésus-Christ. Ils osent prétendre avec les philosophes de l’antiquité, avec les Juifs, les Mahométans & tant d’autres nations, que l’idée d’un Dieu homme est monstrueuse, que la distance d’un Dieu à l’homme est infinie, & qu’il est impossible que l’Être infini, immense, éternel, ait été contenu dans un corps périssable.

Ils ont la confiance de citer en leur faveur Eusèbe évêque de Césarée, qui, dans son Histoire ecclésiastique, liv. premier, chap. 11., déclare qu’il est absurde que la nature non engendrée, immuable du Dieu tout-puissant, prenne la forme d’un homme. Ils citent les Pères de l’Église Justin & Tertullien qui ont dit la même chose. Justin dans son dialogue avec Triphon, & Tertullien dans son discours contre Praxéas.

Ils citent St. Paul qui n’appelle jamais Jésus-Christ Dieu, & qui l’appelle homme très souvent. Ils poussent l’audace jusqu’au point d’affirmer que les chrétiens passèrent trois siècles entiers à former peu à peu l’apothéose de Jésus, & qu’ils n’élevaient cet étonnant édifice qu’à l’exemple des païens qui avaient divinisé des mortels. D’abord, selon eux, on ne regarda Jésus que comme un homme inspiré de Dieu.