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Genèse.

le firmament ciel ; & le soir & le matin fit le second jour &c. & il vit que cela était bon.

Commençons par examiner si l’évêque d’Avranche Huet, & le Clerc, n’ont pas évidemment raison contre ceux qui prétendent trouver ici un tour d’éloquence sublime.

Cette éloquence n’est affectée dans aucune histoire écrite par les Juifs. Le style est ici de la plus grande simplicité, comme dans le reste de l’ouvrage. Si un orateur pour faire connaître la puissance de Dieu employait seulement cette expression, Il dit, Que la lumière soit, & la lumière fut, ce serait alors du sublime. Tel est ce passage d’un psaume, Dixit, & facta sunt. C’est un trait qui étant unique en cet endroit, & placé pour faire une grande image, frappe l’esprit & l’enlève. Mais ici, c’est le narré le plus simple. L’auteur Juif ne parle pas de la lumière autrement que des autres objets de la création ; il dit également à chaque article, & Dieu vit que cela était bon. Tout est sublime dans la création sans doute ; mais celle de la lumière ne l’est pas plus que celle de l’herbe des champs ; le sublime est ce qui s’élève au-dessus du reste, & le même tour règne partout dans ce chapitre.

C’était encor une opinion fort ancienne, que la lumière ne venait pas du soleil. On la voyait répandue dans l’air avant le lever & après le coucher de cet astre ; on s’imaginait que le soleil ne servait qu’à la pousser plus fortement : aussi l’auteur de la Genèse se conforme-t-il à cette erreur populaire, & par un singulier ren-