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Idole, Idolâtre, Idolâtrie.

nes nations de tous ces simulacres ? Quelle vertu, quelle puissance leur attribuait-on ? croyait-on que les Dieux descendaient du ciel pour venir se cacher dans ces statues ? ou qu’ils leur communiquaient une partie de l’esprit divin, ou qu’ils ne leur communiquaient rien du tout ? c’est encor sur quoi on a très inutilement écrit ; il est clair que chaque homme en jugeait selon le degré de sa raison, ou de sa crédulité, ou de son fanatisme. Il est évident que les prêtres attachaient le plus de divinité qu’ils pouvaient à leurs statues, pour s’attirer plus d’offrandes. On sait que les philosophes réprouvaient ces superstitions, que les guerriers s’en moquaient, que les Magistrats les toléraient, & que le peuple toûjours absurde ne savait ce qu’il faisait. C’est en peu de mots l’histoire de toutes les nations à qui Dieu ne s’est pas fait connaître.

On peut se faire la même idée du culte que toute l’Égypte rendit à un bœuf, & que plusieurs villes rendirent à un chien, à un singe, à un chat, à des oignons. Il y a grande apparence que ce furent d’abord des emblèmes. Ensuite un certain bœuf Apis, un certain chien, nommé Anubis, furent adorés ; on mangea toûjours du bœuf & des oignons ; mais il est difficile de savoir ce que pensaient les vieilles femmes d’Égypte, des oignons sacrés & des bœufs.

Les idoles parlaient assez souvent. On faisait commémoration à Rome le jour de la fête de Cibèle, des belles paroles que la statue avait