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Athée, Athéisme. Sect. I.

versaux & utrum chimera bombinans in vacuo possit comedere secundas intentiones. Mais d’ailleurs, il n’y avait en lui veine qui tendît à l’Athéïsme. Sa notion de Dieu est de la théologie la plus saine, & la plus approuvée ; « Dieu est son principe & sa fin, père de l’une & de l’autre, & n’ayant besoin ni de l’une, ni de l’autre ; éternel sans être dans le tems ; présent partout sans être en aucun lieu. Il n’y a pour lui ni passé, ni futur ; il est partout, & hors de tout ; gouvernant tout, & ayant tout créé ; immuable, infini sans parties ; son pouvoir est sa volonté &c. »

Vanini se piquait de renouveler ce beau sentiment de Platon, embrassé par Averroës, que Dieu avait créé une chaîne d’êtres depuis le plus petit jusqu’au plus grand, dont le dernier chaînon est attaché à son trône éternel ; idée, à la vérité, plus sublime que vraie, mais qui est aussi éloignée de l’athéïsme, que l’être du néant.

Il voyagea pour faire fortune & pour disputer ; mais malheureusement la dispute est le chemin opposé à la fortune ; on se fait autant d’ennemis irréconciliables qu’on trouve de savants ou de pédans, contre lesquels on argumente. Il n’y eut point d’autre source du malheur de Vanini ; sa chaleur & sa grossièreté dans la dispute lui valut la haine de quelques théologiens ; & ayant eu une querelle avec un nommé Francon ou Franconi, ce Francon ami de ses ennemis, ne manqua pas de l’accuser d’être athée enseignant l’Athéïsme.