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Page:Voltaire - La Raison par alphabet, 6e édition, Cramer, 1769, tome 2.djvu/112

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Pierre.

PIERRE,

En italien, Piero, ou Pietro ; en espagnol Pedro ; en latin Petrus ; en grec Petros ; en hébreu Cepha.



Pourquoi les successeurs de Pierre ont-ils eu tant de pouvoir en Occident, & aucun en Orient ? C’est demander pourquoi les évêques de Vurtzbourg & de Saltzbourg se sont attribués les droits régaliens dans des tems d’anarchie, tandis que les Évêques Grecs sont toûjours restés sujets. Le tems, l’occasion, l’ambition des uns, & la faiblesse des autres, ont fait & feront tout dans ce monde.

À cette anarchie l’opinion s’est jointe, & l’opinion est la reine des hommes. Ce n’est pas qu’en effet ils aient une opinion bien déterminée ; mais des mots leur en tiennent lieu.

Il est rapporté dans l’Évangile que Jésus dit à Pierre : « Je te donnerai les clefs du royaume des cieux. » Les partisans de l’Évêque de Rome soutinrent vers le onzième siècle, que qui donne le plus, donne le moins ; que les cieux entouraient la terre ; & que Pierre ayant les clefs du contenant, il avait aussi les clefs du contenu. Si on entend par les cieux toutes les étoiles & toutes les planètes, il est évident, selon Tomasius, que les clefs données à Simon Barjone surnommé Pierre, étaient un passe-partout. Si on entend par les cieux les nuées,