Aller au contenu

Page:Voltaire - La Raison par alphabet, 6e édition, Cramer, 1769, tome 2.djvu/136

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
126
Religion. III. Quest.

Cet exorcisme par Jehovah ou par les autres noms de Dieu était encor en usage dans les premiers siècles de l’Église. Origène en disputant contre Celse, lui dit, no 262. « Si en invoquant Dieu, ou en jurant par lui on le nomme le Dieu d’Abraham, d’Isaac & de Jacob, on fera certaines choses par ces noms, dont la nature & la force sont telles, que les démons se soumettent à ceux qui les prononcent ; mais si on le nomme d’un autre nom, comme Dieu de la mer bruïante, supplantateur, ces noms seront sans vertu. Le nom d’Israël traduit en grec ne pourra rien opérer, mais prononcez-le en hébreu, avec les autres mots requis, vous opérerez la conjuration. »

Le même Origène au nombre 19. dit ces paroles remarquables. « Il y a des noms qui ont naturellement de la vertu, tels que sont ceux dont se servent les sages parmi les Égyptiens, les mages en Perse, les Bracmanes dans l’Inde. Ce qu’on nomme magie n’est pas un art vain & chimérique, ainsi que le prétendent les Stoïciens & les Épicuriens : ni le nom de Sabaoth, ni celui d’Adonaï, n’ont pas été faits pour des êtres créés ; mais ils appartiennent à une théologie mystérieuse qui se rapporte au Créateur ; de là vient la vertu de ces noms quand on les arrange & qu’on les prononce selon les règles, &c. »

Origène en parlant ainsi ne donne point son sentiment particulier, il ne fait que rapporter