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Page:Voltaire - La Raison par alphabet, 6e édition, Cramer, 1769, tome 2.djvu/138

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Religion. IV. Quest.

loix de l’État. On n’entendait parler que d’obsessions & de possessions ; le Diable était alors déchaîné sur la terre : le Diable ne sort plus aujourd’hui de sa demeure ; les prodiges, les prédictions étaient alors nécessaires ; on ne les admet plus. Un homme qui prédirait des calamités dans les places publiques serait mis aux petites maisons. Les fondateurs recevaient secrettement l’argent des fidèles ; un homme qui recueillerait de l’argent pour en disposer sans y être autorisé par la loi, serait repris de justice. Ainsi, on ne se sert plus d’aucun des échafauds qui ont servi à bâtir l’édifice.


Cinquième question.


Après notre sainte Religion, qui sans doute est la seule bonne, quelle serait la moins mauvaise ?

Ne serait-ce pas la plus simple ? Ne serait-ce pas celle qui enseignerait beaucoup de morale & très peu de dogmes ? celle qui tendrait à rendre les hommes justes, sans les rendre absurdes ? celle qui n’ordonnerait point de croire des choses impossibles, contradictoires, injurieuses à la Divinité, & pernicieuses au genre humain, & qui n’oserait point menacer des peines éternelles quiconque aurait le sens commun ? Ne serait-ce point celle qui ne soutiendrait pas sa créance par des bourreaux, & qui n’inonderait pas la terre de sang pour des sophismes inintelligibles ? celle dans laquelle une équivoque, un jeu de mots & deux ou trois